Il n’y a pas meilleur endroit que sous la couette pour exprimer notre liberté et notre soif de désir. La masturbation féminine…on pouvait pas ne pas en parler. Qu’en est-il de cet art de (se faire) jouir quand en parler relève encore d’une certaine audace ? C’est parti, on explore.
Chacune d’entre nous expérimente et vit ce qu’elle souhaite, ce qui l’attire. Nos choix et nos pratiques sont intimes et personnels, nous sommes bien d’accord. Tout est liberté, rien ne doit rimer avec obligation en matière de sexualité. Mais vous nous connaissez, au sein de la rédaction on aime pousser les portes des espaces où l’on s’interdit parfois l’accès et on aime poser des mots sur ce qui ne se dit pas suffisamment. Mais dans quel but ? Avant tout dans celui d’amener de la liberté à tous les endroits où l’on se juge, se prive et on se retient.
Il n’y a pas meilleur endroit que sous la couette (si, bien sûr qu’il en existe d’autres…et ce sera sans doute l’objet d’un prochain article) pour explorer son corps et sa jouissance. Parce que parlons en, c’est bien de le nommer, nous allons parler de masturbation féminine. C’est drôle parce que même en l’écrivant on peut ressentir un certain trac, une petite gêne insidieuse, comme si nous étions des petites filles rebelles qui viennent d’écrire un mot interdit, des mots que nous n’avons pas le droit de prononcer ou alors doucement pour ne pas se faire trop entendre. C’est fou non ?!.
J’avais commencé par écrire un paragraphe où je disais que le plaisir féminin et plus précisément celui de la masturbation féminine, était un sujet qui s’était avec les années « dévulgarisé », mais écrire le mot « dévulgarisé » ne m’a pas semblé juste, je sous entendrais que c’est quelque chose de vulgaire…alors que c’est bien là l’un des problèmes, l’image que renvoi -parfois- la femme lorsqu’elle parle de masturbation féminine, lorsqu’elle parle de sa propre jouissance.
Mais, revenons au centre du sujet : se faire l’amour… prendre soin de soi et prendre soin de son propre plaisir. Explorer nos corps, pour donner vie à nos désirs. Ressentir nos corps pour ressentir le plaisir, devrait être la chose la plus naturelle, la plus fluide et la plus honorante qui soit.
Plus jeune déjà, j’avais à plusieurs reprises trouvé étrange que la masturbation masculine, le plaisir solitaire masculin soit reconnu, accepté et valorisé partout et parfois relaté comme un passage obligatoire, (ce qui d’ailleurs me questionne car à mon humble avis, ça a dû créer des malaises chez certains hommes) alors que celui qui concernait les femmes, le mien, je n’en entendais rien. Si je posais des questions j’avais l’impression… d’être considérée comme une fille aux idées mal placées, une fille qui posait des questions qui ne se faisaient pas…suis sûre que vous voyez. Alors qu’en fait, c’est quand même un peu con cette histoire, nous les femmes nous avons aussi un corps, des ressentis, des hormones et de la curiosité à revendre.
Bien sur que puisque j’ai 44 ans, ce sujet a bien évolué mais je sais aussi que nombreuses sont les femmes qui se jugent, se critiquent, s’interdisent et parfois font l’amalgame dans ce domaine. Nous n’allons pas nous lancer dans une tirade pour trouver des coupables, des causes, parce que finalement ce qu’on veut c’est élargir des horizons et vous donner d’autres points de vue pour réveiller cette petite… curiosité, envie, énigme.
Alors, pourquoi explorer son corps, le découvrir et ne plus avoir honte de se donner du plaisir ?.
Pour commencer, que nous dit la science ? (oui c’est quand ça nous arrange). Voici quelques un des bienfaits de la masturbation féminine :
- – amélioration du sommeil et de la circulation sanguine,
- – apaisement du système nerveux et réduction de certaines douleurs,
- – stoppe le hoquet (nous non plus on ne savait pas, nous non plus on ne s’en remet pas !)
C’est gratuit, vous n’avez besoin de rien, mise à part de vous-même et c’est bon pour la santé. C’est un peu réducteur, mais c’est aussi la réalité, parfois il faut faire simple là où on cherche à faire compliquer.
Mais comme tout dans la vie, Se pécho relève aussi d’une question de désir.
Il arrive parfois qu’on ressente une baisse de désir envers son notre partenaire, qu’on en tire quelques spéculations sur la relation elle-même, vos inquiétudes grandissent, la charge mentale augmente, les peurs, le temps qui passe…encore là, je suis sûre que vous voyez de quoi je parle. Mais sachez que l’un n’empêche pas l’autre, posez vous cette question : est ce que lorsque vous ressentez une baisse de désir pour votre partenaire, vous ressentez encore du désir pour vous même ?. Parfois nous avons simplement besoin de se retrouver avec soi même, nous n’avons pas envie de partager, de s’ouvrir. C’est important de voir que cela ne dit rien de la relation que vous entretenez avec votre partenaire, ni avec l’amour, en prendre conscience et en parler sont souvent des facteurs qui vous permettront de vivre ces variations de plaisir.
La question que je vous ai posé en déclenche des dizaines dans mon esprit, qui sont toutes à mon sens essentielles en fonction de nos situations, les argumenter ne me semble pas essentiel aujourd’hui, elles ouvriront je suis sûre quelques voies dans votre esprit :
*Comment je peux remettre en question le désir que les autres ont pour moi si je ne me désire pas ? *Comment je peux reprocher à l’autre de ne pas savoir me donner du plaisir, si je ne sais pas moi-même ce que j’aime / ou pas ?
Ces questions ne doivent pas réveiller de la culpabilité mais au contraire nous amener à prendre la pleine et entière responsabilité de notre désir. Parfois on reproche à l’autre ce que nous même nous ne sommes pas capables de nous donner. Donnez vous du plaisir…et ressentez tout la palette d’émotions qui vont vous traverser…je suis sûre que vous serez les premières surprises.
Dans cette voie, il y a un facteur qui souvent prend sa place sans même qu’on l’y autorise : la honte. Passer pour qui ? pour quoi ? Que va penser l’autre si je lui dis que j’aime et que je besoin de me caresser ? Est ce que j’ai le droit de faire ça ? La honte et le peur du regard de l’autre, mais surtout du sien.
Je crois qu’il n’y a rien de plus beau qu’une femme qui vit et assume son désir et celui de s’en donner, sachez qu’exprimer notre vulnérabilité à toute sa place ici. En parler avec son partenaire, avec nos amies, s’informer sur le sujet, demander conseil, avancer, tâtonner, découvrir, explorer. Comme beaucoup de sujets dans nos vies, la peur et le regard de l’autre/du sien on apprend à s’en défaire et à composer avec…mais ne vous en servez pas pour en faire des limites à vos orgasmes.
Alors à la question comment faire, comment commencer ? Nous pensons qu’il n’y a pas de marche à suivre ou de ce qu’il faudrait faire. Commencer par s’y autoriser est sûrement la première étape.
Vous avez le droit de vous désirer, vous avez le droit de ressentir que vous avez envie de jouir, et ce que vous soyez en couple, en relation, ou « seule », vous avez tous les droits.
Les petits plus :
- Créer une ambiance tamisée, mettre son téléphone en « ne pas déranger », et mobilisez vos 5 sens avec une musique agréable, des matières que vous aimez, pourquoi pas des bougies parfumées.
- Vous pouvez aussi écouter des podcasts érotiques : pour connecter son esprit à l’érotisme et ainsi réveiller le désir.
- Osez les jouets : on parle évidemment de sextoys, les legos ont ici peu d’intérêt…Tester de nouveaux jouets est une façon de sex-plorer encore et encore.
- Prenez le temps. Il ne s’agit pas ici d’une course de fond mais plutôt d’un grand huit plein de surprises.
Et n’oubliez pas : se pécho ne dit rien de vous…si ce n’est que vous êtes une femme libre et souveraine de votre plaisir.
La Rédac,