« Demander de l’aide n’est pas s’avouer vaincu, au contraire. » 

On a tous cette amie qui rechigne à demander de l’aide… Vous connaissez la subtilité, si vous n’avez pas cette amie c’est que vous ÊTES cette personne. L’idée n’étant pas ici de juger cela mais plutôt de s’interroger sur le pourquoi de cette réticence si commune. Qu’adviendrait-il si on osait enfin changer cela ? C’est parti, on explore. 

Petits et grands enjeux rythment nos quotidiens. Tous les jours nous accomplissons de nombreuses tâches en solo ou à plusieurs sans même les remarquer tant elles sont ancrées dans nos habitudes. Si la question des tâches ménagères peut être un point de discorde de nombreux couples qu’en est il de la narration que nous en faisons ? « Mon mari m’aide à la maison, hier soir il a fait à manger ! » est heureusement une phrase que l’on entend de moins en moins (mais encore trop souvent) au fil des générations. Les femmes et les hommes de mon âge (29 ans trois quart) sont globalement très à l’aise avec l’idée de partager les tâches. Personne n’aide personne, mais chacun fait sa part. 

Mais quand nous sommes face à des tâches plus complexes, qui nous sortent de nos quotidiens bien rodés que se passe t-il ? Un grain de sable se faufile dans la machine et nous voilà en erreur 404. Si le siècle précédemment signait l’émancipation des femmes, nous sommes aujourd’hui confrontées très tôt à des phrases anodines en apparence du genre « faire les choses toute seule comme une grande » dans l’inconscient féminin il n’y a sans doute rien d’anodin. Comme un héritage pas très sain nous sommes nombreuses à valoriser, parfois inconsciemment le « toute seule, comme une grande » quelle grande au juste ? Et pourquoi refuser de l’aide à tout prix (surtout quand elle est masculine) alors que les enjeux de nos sociétés sont différents ? Car si demander de l’aide peut s’avérer difficile, accepter l’aide qu’on nous propose n’est pas plus aisé pour certaines d’entre nous.

Voici l’expérience qui a été le déclencheur de cette réflexion : 

Début juillet j’ai adopté un berger australien de 3 mois. Une race connue pour sa vitalité (très) débordante et sa grande capacité d’apprentissage. À cela ajoutons son âge : 3 mois, chez un chiot c’est l’âge où les bêtises sont les plus nombreuses. Les premiers jours étaient plutôt simples, j’étais fière de moi, du cadre que j’avais posé, fière de Bonnie (ma bébé berger australien, vous me suivez ?) qui me montrait beaucoup d’envie et de facilité à apprendre. Et elle a pris ses marques, gagné en assurance, en audace, infatigable chiot qu’elle est : je l’éduquais quand elle me dressait à lui courir après à longueur de journée détruisant chargeurs, lunettes de vue et a peu près tout ce qui trainait. 

C’est à ce moment que j’ai eu besoin d’aide. Mes réserves de patience s’évaporaient comme les glaçons de mon spritz et je perdais peu a peu confiance en moi et en elle. On m’a dit « tranquille, c’est un chiot. Les bêtises sont normales. Elle va se calmer avec le temps. » Le temps justement. J’ai le syndrome de Stockholm, j’aime déjà très fort l’être qui me persécute et me mordille des cheveux aux chevilles. Mais combien de temps vais-je supporter ça ? J’aime me dire forte, libre et audacieuse mais ma colocataire l’est tout autant… 

Pire encore pour moi : le NON d’un homme avait bien plus d’effet sur Bonnie que le mien. Elle a copieusement piétiné le féminisme, j’ai failli lui en vouloir. Mais j’ai compris que c’était d’un oeil extérieur dont j’avais besoin. L’éducation canine étant un métier, j’allais devoir passer par là. Débourser plusieurs centaines d’euros certes. Des séances d’éducations pour Bonnie sont environ même prix qu’une séance de psy pour moi. Et si je tardais, j’allais avoir besoin des deux. Devinez quoi ? En quelques séances il n’y avait presque plus de bêtises, j’ai pu consolider une belle complicité avec ma chienne qui est désormais beaucoup plus à l’écoute. Je suis à nouveau la patronne de la baraque !

Nous pensons parfois que si on fait appel à une aide extérieure, alors nos victoires ne sont plus vraiment les nôtres. « Tu comprends je n’ai pas de mérite, j’ai fait appel à un pro. » Carton rouge sur ce genre de phrases. Avec ou sans aide extérieur, les résultats positifs ne se font pas sans notre participation et nos décisions. Nous ne sommes pas moins artisans de nos victoires. Autres classiques de notre retenue à demander ou accepter l’aide « Je ne veux pas déranger. » l’autre pourra toujours refuser.  « Je veux me débrouiller toute seule. On est jamais mieux servi que par soi-même. » un grand sage à dit un jour que seul on allait vite, qu’ensemble on allait loin. Ici la question est de définir clairement notre objectif, est il plus important que notre égo ? 

Pourquoi accepter une main tendue vient titiller nos égos ? Sortons des « je ne veux pas être redevable. » Il me semble que derrière cela se cache une autre histoire dans nos esprits. Accepter cette aide reviendrait à reconnaitre un échec personnel ? Ferait tanguer ce fameux « je me débrouille seule, je n’ai besoin de personne. » Mais a t-on vraiment envie d’une vie sans personne à nos côtés ? Les femmes d’aujourd’hui peuvent tout à fait accepter de l’aide sans devenir des petites choses fragiles et vulnérables. Il est l’heure de s’élever au delà de ces narrations venues d’une autre époque, lançons une grande mise à jour de nos systèmes.

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