Comment dire ce que nous voulons vraiment dire ? Comment dire réellement le fond de notre pensée ? faut-il toujours le faire ? Et savons nous le faire ?
La communication est au centre de notre existence et pourtant nous sommes nombreux à la fuir, à la survoler, à vivre avec une certaine peur et retenue lorsqu’il s’agit de dire les choses qui comptent pour nous.
Un court instant j’ai hésité avec un titre qui commencerait par « est-ce que toutes les vérités sont bonnes à dire », dans mon esprit, je crois que ces deux questions se rejoignent, combien de fois je me suis demandé si le fait que je ne disais pas ce qui comptait équivalait à un mensonge, à une fuite de ma part, est-ce que ce serait là l’un des accessoires que la société appelle « porter le masque » ?
Est-ce que la profondeur de nos discussions, la sincérité dans nos échanges créent et façonnent nos relations ?
Bien sûr que les réponses à ces questions sont très personnelles et vous le savez j’aime les paradoxes et les nuances.
Mais qu’est ce que cela veut finalement dire «se dire les vraies choses», sans même y répondre, je sais que vous savez, je sais qu’instantanément une idée/un sujet va surgir dans votre esprit…que ce petit quelque chose que vous voudriez dire et que vous n’osez pas va s’y installer (ne me dites pas merci ^^).
Peur de mal dire, de blesser, de ne pas être compris, d’être exclu/rejeté, d’avoir honte, que c’est trop tôt ou trop tard…
Est-ce qu’on s’attache plus à la forme qu’au fond ? Vous est-il déjà arrivé de dire quelque chose et d’avoir regretté la forme qui s’est invitée…est-ce que la forme se maîtrise toujours (ou jamais ?) je crois qu’effectivement à force de se contrôler soi, de se restreindre, de se retenir quand ça sort…on ne contrôle plus rien ^^.
Notre propre rythme, notre environnement relationnel, nos schémas relationnels, ce qu’on a vu/appris, notre sécurité intérieure…tous ces paramètres ont bien évidemment leur importance.
D’ailleurs n’avez vous pas remarqué combien il facile de se raconter à certaines personnes et pas à d’autres ?!
Mais alors…pourquoi c’est si difficile pour certains et si facile pour d’autres ? Pourquoi on bloque dès qu’il faut être vrai, profond, sincère, combien de fois, une fois que nous savons ce que nous voulons dire, la question qui s’en suit est toujours « mais quand, comment et à qui ? »
Est-ce que de dire ce qui compte vraiment est toujours accompagné de peurs ? Peur de blesser, d’aller trop loin, peur de perdre, de se tromper…la peur est maligne car elle s’invite aussi parfois avec la honte et/ou la culpabilité.
Combien de fois avons-nous tremblé de la jambe en ruminant un : « faut que je lui dise, faut que je le dise ». Est-ce que nous pensons que si nous exprimons la profondeur de nos pensées, désirs et autres nous courrons un éventuel danger ?
Pourquoi on se retient ? Parce que c’est souvent ce qu’il se passe, une perpétuelle retenue…
Pourquoi passons nous tant de temps à nous demander si ça vaut le coup et devenons des adeptes du «on verra, je ne peux pas, cela ne sert à rien, plus tard». Que cherches-t-on à fuir ?
Comment sommes nous devenus des experts de ce silence qui nous déconnecte un peu plus des autres et de nous ? Combien d’énergie perdons nous à dissimuler, à faire semblant ?
Oui….ça fait beaucoup de questions jusqu’ici, faut-il y répondre ? Ou faut-il simplement réaliser…que nous voulons autre chose ?
Combien de femmes j’ai entendu me dire «mais est-ce que je suis une femme bien si je dis XXX, pour qui je vais passer, j’ai trop honte je ne peux pas dire cela» .
La peur de la réponse, la peur de la non-réponse, la peur de ce que l’autre va dire, voir, penser et comment va-t-il réagir…voilà un petit éventail de ce qui nous et de ce qui m’a le plus retenue.
Rien que de l’écrire je les ressens.
Ces peurs, ce trac, cette boule dans la gorge et dans le ventre, ces demi-tours, ces « on verra demain » et puis un jour…décider de ne plus prendre la peur comme alibi à ma retenue.
Ne plus se contenter de la surface (ou en tout cas choisir avec qui) parce qu’en étant ainsi finalement je ne permettais pas aux autres de me dire les vraies choses, je ne permettais pas à mes relations de grandir, d’évoluer et de connecter réellement et profondément.
Oui je fais partie de celles pour qui parler de la météo et de la voisine du 4ème emmerde.
Se prendre par la main et avec ses peurs, parfois seule seule et parfois accompagnée par des supportrices, ces voix dans la tête qui soufflent un « aller, tu peux le faire, vas-y « .
Et puis c’est comme tout, plus on s’y autorise, plus on y goûte et plus cela devient facile ou pas.
Se dire les vraies choses est à mon sens ce qui nourrit nos liens, ce qui les rend unique. C’est ce qui va teinter nos relations, c’est ce qui va nous permettre d’aller à la rencontre de l’autre mais également de soi.
C’est faire le choix de la profondeur dans nos vies et en notre vérité.
Se dire les vraies choses…délivre…honore…protège…soulage.
Se dire les « vraies choses » aux autres…oui…mais n’oubliez pas…à vous même surtout.
Sandra,