En solo ou à plusieurs, nous avons tous une vie sexuelle avec ses hauts, ses bas, ses questions et ses fantasmes… Si parler librement de sexe peut s’avérer plus ou moins facile en fonction du contexte. C’est encore trop tabou, surtout quand c’est les femmes qui en parlent. Ne rougissez pas, c’est parti, on explore.
« Bah oui, bien sûr que j’me caresse, pas vous ? » Le jour où après avoir lâché cette phrase et que les regards posés sur moi disaient au choix : comment elle peut dire ça, ça ne se dit pas, c’est trop bizarre de parler de ça… J’ai compris que ce sujet, celui de la masturbation féminine entre autres mais plus précisément celui de la sexualité et du plaisir féminin était à déconstruire et surtout à explorer.
Nous n’allons pas nous étaler sur les bénéfices physiques de la sexualité sur notre corps, nous laissons cela aux scientifiques mais rappelons tout de même que faire l’amour libère une pluie d’hormones dans notre corps. Anti-douleurs, anti-stress naturels… Les endorphines par exemple sont une forme de morphine naturellement créée par le corps, instantanément libérée lors de l’orgasme. Vous l’avez compris, la migraine n’est donc plus une excuse valable…
La sexualité de manière générale est un sujet aussi trivial que tabou. Ce sujet a la capacité de susciter l’intérêt comme la gène, car si tout le monde a une vie sexuelle, rares sont les femmes qui se mouillent à mettre librement le sujet sur la table. Pourquoi nos réactions sont si différentes ? Pourquoi certaines personnes en parlent librement et pas d’autres ? Les réponses sont nombreuses, la peur d’être stigmatisée en est sûrement l’une des raisons majeures.
Bien sûr qu’il n’y a aucune obligation et à se forcer d’exprimer ce qui se joue (avec qui et comment) dans notre sphère intime, chacune fait ce que bon lui semble, nous avons tous une capacité à parler des sujets que l’on considère plus sensibles que d’autres. Face à des visions si différentes de la sexualité, que ce soit en solo ou a plusieurs qu’est-ce qui nous retient d’en parler librement ? La peur d’être un « mauvais coup » irait-elle s’immiscer jusqu’ici ?
Combien de femmes sommes nous, mais c’est aussi valable pour les hommes, à se questionner sur le sujet, à douter ? à envier ? à imaginer ? à espérer ? à détester ? à fantasmer ? Qu’on se le dise, ce n’est pas chat GPT qui répondra à nos questions. Quoi qu’une intelligence artificielle pourrait nous étonner.
Alors même que certains de nos fantasmes sont inavouables (oui parce que raconter à son partenaire que Francis, ton collègue te prends sur le bureau c’est peut être pas une bonne idée, ni d’ailleurs à Monique ta collègue, ni d’ailleurs à Francis lui même, quoique) pourquoi continuer à s’interdire d’en parler librement ? pourquoi avoir peur d’aborder ce sujet avec son partenaire ? Pourquoi ne pas oser demander conseil et partages d’expériences ? Pourquoi ce sujet serait-il réserver aux uns et pas aux autres ?
Combien sommes nous à ressentir des variations du désir et ne pas oser en parler ? Combien sommes nous à remettre en question le désir de l’autre alors même que l’on ne se désire pas soi-même ? Combien sommes nous à reprocher à l’autre de ne pas/plus savoir nous donner du plaisir alors que nous même nous le savons pas, et que nous ne prenons pas le temps d’en parler ? Combien sommes nous à nous priver de plaisir parce que nous sommes seules ?
La honte… Qu’est-ce qui nous gêne finalement, de quoi on a si honte ? (de passer pour qui ? pour quoi ?) Bien-sûr on ne parle pas justement de l’exprimer devant la place publique. Chacun exprime ou pas ce qu’il vit, là n’est pas le sujet. Qu’en est-il de votre sentiment de liberté à explorer d’autres choses ? Partir en terrain inconnu, vous vous y autorisez ? Si oui, alors continuez !
On sait que les réponses sont nombreuses et propres à chacun d’entre nous, ce qu’on voudrait c’est qu’aucun sujet ne soit tabou, qu’aucune de vos questions ne reste que dans votre tête par peur d’être posée et que vous vous autorisiez à parler de ce qui vous freine et vous exalte.
Quelques chiffres pour terminer….
* Proportion de femmes ayant déjà pratiqué la masturbation au moins une fois au cours de leur vie en France entre 1970 et 2019 : 19% en 1970 et 76% en 2019. Une augmentation constante.
*22 % des femmes ne connaissent pas bien leurs zones érogènes. Une méconnaissance qui s’élève à 42 % des femmes âgées de 18 à 24 ans. En même temps, quand on sait que le clitoris n’a été modélisé en 3D qu’en 2016, ce chiffre n’a rien d’étonnant…
*13% des femmes et 11% des hommes utilisent des sextoys fréquemment. Une tendance similaire en solo ou en couple.
Parler librement de sexualité ne date pas d’hier, même si on a beaucoup (beaucoup) à faire en la matière, la société évolue et les femmes avec, et il nous appartient, à nous, à vous qui nous lisez, sachant que nous avons la chance de vivre dans un pays libre, de parler de ce qui nous chante, de ce qui nous enchante, de ce qui nous fait jouir oui pas, de ce qui nous questionne et nous effraie parfois.
Sachez que la question que vous vous posez , la peur que vous ressentez, le désir qui vous envahit…vous n’êtes jamais seule à traverser cela…et que d’ouvrir la voie, vous aidera vous et celles qui vous entourent.
La Rédac