Vous connaissez ce moment où vous confiez à quelqu’un vos doutes et peurs du moment. Des petits tracas du quotidien à ce truc qui vous empêche de trouver le sommeil et vient créer cette boule dans le ventre… Et là « Lâche prise, ça va aller » Cette phrase est dans le top 10 de celles qui agacent le plus. Pourquoi sommes nous si nombreuses à être allergique à cette formule ? C’est parti, on explore.
Le fameux « lâcher prise » est prôné dans tant de livres de développement personnel qu’on en oublierait presque ce qu’il signifie. Revenons à la base en ouvrant le dico : « Lâcher-prise, nom masculin (quelle surprise !), moyen de libération psychologique consistant à se détacher du désir de maîtrise ». On pointe ici une notion de contrôle. Ça commence à nous gratter, pas vous ? Est-ce que le lâcher-prise serait donc « l’art de s’en foutre » ? Nous ne sommes pas convaincues, nuançons.
Quand cette phrase est lancée sur la table comme on y balaie les miettes d’une conversation, il faut y comprendre l’envie de notre interlocuteur de changer de sujet. Au risque de régler l’addition en payant la taxe « lourdeur »… Est ce que l’on se sent entendue, comprise ? Non, et c’est frustrant. Remettre le sujet sur la table comme mamie nous ressert du dessert quand on est déjà bien repus…c’est délicat.
Vous reprendrez bien un peu de culpabilité ? Cette injonction au lâcher-prise nous invite au silence, seule face à nos tergiversations intérieures. Cette petite voix dans notre tête reste sourde, hermétique à cette formule pourtant décrite comme magique.
Non parce qu’il faut le dire, cela ne veut justement rien dire de balancer cette injonction culpabilisante à tort et à travers, qui est d’ailleurs souvent mal comprise, mal interprétée, c’est un peu comme le « si tu veux, tu peux » et bien non, en fait pas toujours ou encore le « tu n’es pas assez ancré », bref essayons de ne pas nous égarer (déjà).
Non désolé, le lâche prise avec ton mec alors que vous êtes en crise, avec ta mère qui te les brise, avec tes enfants que tu as envie de coller au mur ou de les oublier au centre aéré (au choix ou les deux en même temps), avec ta collègue que tu ne peux pas blairer et que c’est ta seule vue de ton bureau…vraiment les gars, conseiller un « lâche prise » ça ne marche pas.
Pourquoi sommes nous si nombreux à nous accrocher à une relation, à un travail, à un souvenir, à une émotion et même à une pensée….Pourquoi sommes nous si nombreux sur cette terre à ne pas y arriver et ce parfois malgré nous ?
Mais si on ne lâche pas, c’est qu’on s’accroche ! Vous êtes d’accord ? Mais alors à quoi ? Et pourquoi ?
Bien sûr qu’il existe autant de raisons valables que d’individus, mais ce qu’il faut surtout retenir c’est que nous sommes des humains complexes et remplis de paradoxes. Donc le contrôle est essentiel à nos vies d’humains. Qu’en serait-il si nous faisions le choix de la confiance ?
Bien sûr que l’on sait qu’il faut lâcher et souvent on sait même à quoi/qui on s’accroche et pourtant on n’y arrive pas toujours…Il ne s’agit donc pas d’un manque de volonté. D’ailleurs plus vous le vivez comme une obligation/injonction (qu’elle vienne de vous ou d’ailleurs) plus ce sera difficile et plus vous aurez des blocages.
Ce truc que vous tenez fermement, sachez que ses racines sont souvent très profondes. Votre cerveau y trouve un bénéfice secondaire (conscient ou non, réel ou non) si vous retenez encore c’est que votre gain (ou votre peur) est plus important que votre « perte ».
Et si derrière tout ça se cachait la peur de l’incertitude, la peur du changement, ce fameux « on sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce qu’on trouve », « je ne sais pas comment faire sans ça », « si j’agis autrement, qu’est ce qui pourrait bien se passer ? Qu’est ce qui va m’arriver? ».
« Qu’est ce que je vais perdre si je lâche? » la peur de perdre, celle-ci est l’une des grandes composantes au fait que l’on s’accroche.
Nous avons souvent tendance à confondre, lâcher prise et abandon, et soyons honnêtes, abandonner nous donne l’impression de perdre, et ça on aime pas beaucoup.
C’est assez effrayant pour nous, nous qui voulons tout savoir, tout comprendre et tout connaître avant de se lancer, de se dire « Ok ! Go, j’arrête de tenir, j’arrête de m’acharner » c’est presque mission impossible… ça sonne comme un réel danger et donc que nous voulons fuir, alors même que ce danger n’existe que dans notre tête.
Le lâcher prise reviendrait alors à mettre sa foi à l’épreuve de l’inconnu. Accepter de dépasser ses peurs et (se) faire confiance. « Fais toi confiance, il y a une solution à tout et tu vas trouver celle dont tu as besoin » n’est ce pas plus efficace (et plus précis) comme message qu’un simple « Lâche prise « ?
Voici quelques pistes à explorer :
*Apprendre à faire ami-ami avec l’incertitude, ne plus voir le « je ne sais pas » comme un danger, mais simplement comme un paramètre essentiel à nos vies autant que peut l’être le contrôle,
*Apprendre à se sentir en sécurité dans son corps et dans son esprit,
*Regarder le lâcher prise comme une alternative à notre façon d’agir,
*Arrêter de dépenser et maintenir de l’énergie dans quelque chose, alors même que l’on n’avance pas, que l’on tourne en rond, qu’aucune issue ne semble possible et choisir de : se déposer…se reposer…faire une pause dans cette « bataille ».
Respirer, souffler pour déposer les choses, voir la situation telle qu’elle est, et non pas comme on voudrait qu’elle soit ou comme on l’imagine (et donc souvent bien pire que ce qu’elle n’est).
Accepter de lâcher prise est l’un de notre plus grand pouvoir…Celui de décider de passer par une étape qui peut être nous paraîtra difficile, effrayante, inconfortable : car inconnue.
Si on faisait le choix de s’accrocher à ses désirs, à ses besoins, à ce que nous souhaitons profondément, est ce que ce ne serait pas plus facile de lâcher…et souvent soyons honnête, au final c’est quelque chose qu’on ne veut plus tellement et on le sait très bien.
Que voulez vous vraiment ? De quoi avez-vous réellement envie et besoin ? Qui/Quoi avez vous envie d’aimer et de vivre ? Tournez vous vers vos valeurs, vos désirs, vos envies…la meilleure boussole qui soit.
En répondant à ces questions, vous verrez que souvent on s’accroche à des illusions, à un passé, à des choses inconfortables, notre inconfort on le connaît alors c’est plus facile de s’y accrocher.
Lâcher prise ce n’est pas tout envoyer valser, lâcher n’est pas perdre le contrôle de soi, n’est pas partir en vrille, n’est pas abandonner.
Cesser de s’accrocher et lâcher ce qui ne nous convient plus nous donne l’occasion d’explorer d’autres réalités, nous donne la possibilité de faire entrer plus de magie dans notre vie, et donne l’opportunité à notre créativité de s’exprimer.
Nous pensons que lorsque nous lâcherons, rien ne pourra nous soutenir, et que si on cesse de s’accrocher alors on est perdus face à nous-même…ceci est faux, plus on lâche, moins on s’accroche et plus nous sommes soutenues, guidées et accompagnées. Et c’est souvent à cet endroit, que de nombreuses possibilités jusque là inconnues s’offrent à nous.
Alors dites nous, à quoi vous vous accrochez ? Qu’avez vous peur de perdre si vous lâchez ?.